Edito 2021
Quatorze années que ZEFESTIVAL occupe une place singulière dans le paysage culturel azuréen. Bousculer les codes, questionner la notion de genre, explorer les désirs, telle est l’essence même de notre festival. Notre envie est encore et toujours de vous faire découvrir des films venus du monde entier, pour certains inédits en France et qui parfois ne seront jamais distribués.
La marraine de cette édition 2021 est Vladimir Luxuria, ancienne députée italienne trans et directrice du « Lovers Film Festival » de Turin, le plus ancien festival LGBT d’Europe. Sa présence sera l’occasion d’un focus sur la production cinématographique dans la péninsule.
Le cinéma est un puissant outil capable d’élargir les horizons, d’explorer tous les possibles, tels Kiss me before it’s blows up, Sheer Qorma ou encore Tu peux embrasser le marié, histoires d'amour subversives entre cultures et familles qui s'affrontent ; entre générations qui se croisent et se décroisent dans Margen de error, Sublet ou Bleu nuit.
Mais le cinéma est aussi un instrument permettant de refuser l’évidence de ce qui paraît inéluctable, telle la vie de cette paléontologue oubliée de l’histoire dans Ammonite, de dénoncer l’inacceptable, comme l’histoire de cette chirurgienne contrainte de se travestir en homme pour exercer son métier de médecin dans le Cuba du 19e siècle ; de débusquer l’invisibilité, avec l’humour piquant d’un Madame la directrice ou la noirceur de Journal d’un adolescent.
Le cinéma est témoin réfléchi et construit de notre temps. Il est forme de mémoire des avancées sociétales, Mama+Mama ou Ma famille à moi célèbrent l’homoparentalité, comme des luttes qui restent à mener. Ainsi, Valentina, reflet des difficultés administratives et sociales auxquelles sont soumises les personnes transgenres ou encore Let there be colours documentaire qui nous dévoile la première marche des fiertés en Bosnie.
Notre monde est mouvant et les acquis en matière de droit sont fragiles. Aujourd’hui encore, 69 États dans le monde répriment toujours l’homosexualité et 11 parmi eux la condamnent à mort. En Europe de l’Est, l’homophobie connaît actuellement une recrudescence, promue par les gouvernements. Un état des lieux bien plus noir est à déplorer concernant la transphobie.
Aujourd’hui encore, il nous faut rester mobilisés pour qu’il soit mis fin aux thérapies de conversion et aux humiliations dont sont victimes les personnes LGBT+, pour qu’enfin la PMA soit élargie aux personnes transgenres... Aujourd’hui encore, il nous faut militer en faveur de l’égalité des droits pour permettre à chacun de vivre librement, quelle que soit son orientation sexuelle et son identité de genre.
Devant l’obscurantisme et les intégrismes de tous bords, devant les régressions nous nous devons de soutenir la création cinématographique, qu’elle soit curieuse, rageuse, insurgée, déjantée, diaphane, insolente... Parce qu’elle est toujours porteuse d’espoir et de liberté.
Bon festival à toutes et tous ! L’équipe de ZEFESTIVAL